:: METROPOLE(s) :: Préceptes pour une intensité territoriale…

05/03/2012

Date: XXIème siècle   Lieu: MONDE  Latitude et Longitude:  Tous azimuts

Thème: Territoire / Paysage/ Urbanisme / Société

Texte&Graphisme: R.Quesada

Au lecteur exigeant, expert, en quête de solution… Ici, il est moins question de définir que de questionner le concept de métropole, de laisser libre court à une réflexion, à des idées… Il n’est pas non plus question d’établir une définition scientifique et exhaustive des différents vocables de l’espace dit « urbain »… Est-ce une ville, est-ce une métropole, une métapole? Aucune prétention de cet ordre. Il s’agit d’un champ ouvert et libre de réflexion, tout au plus une « pensée in progress », voir une « posture in progress »…

Pour qui s’intéresse à la ville, au développement territorial, économique ou social, le vocable de « métropole » est entré dans le débat tantôt comme une réalité de fait, tantôt comme un objectif à atteindre. Une cause et/ou une solution aux maux urbains et/ou une anticipation positive pour maîtriser les effets induits du développement urbain. Or ce concept avant d’être spatial est d’abord quantitatif, démographique et économique. Il définit une concentration de population, d’activités et de flux. De la quantité à la norme, il n’y a qu’un pas dans un monde financiarisé… La « bonne » échelle démographique, la « bonne » échelle spatiale, la « bonne » échelle conceptuelle… L’exercice est là : trouver le bon niveau d’intervention, le seuil capable d’absorber les dysfonctionnements d’un territoire donné et de porter les projets qui lui sont nécessaires.

A cette question, le concept de métropole semble être une réponse systématique. Un étrange présupposé qui comme tout paradigme subit les limites de sa généralisation. Territoires éminemment différents et complexes qui reçoivent l’injonction de « faire » métropole, de répondre ou d’atteindre « le » seuil. En France le prisme « métropolitain » semble exiger un développement territorial urbano-centré, au sens où l’économie urbaine devrait en être le centre. En Italie, certains chercheurs et professionnels (école d’ A. Magnaghi) travaillent sur une « bio-région », un développement territorial fondé sur les ressources et usages locaux du territoire, du rural comme de l’urbain, de l’agricole comme du « naturel ». Le changement de paradigme est de fait un exercice intéressant, ne serait-ce que pour le jeu (ou le « je » d’ailleurs aussi…). Quels projets urbains, territoriaux pourraient émaner d’un point de vue ruralo-centré, agrico-centré ou naturo-centré ? Quel autre mode de développement économique émanerait d’une analyse équilibrée et systémique du territoire ? Quels autres modes de vie ?

C’est là que le paysage semble apporter (à condition de le considérer autrement que limité au pictural ou au végétal…) un angle de vue intéressant. Définissons le paysage dans son acception large comme étant la somme des éléments visibles et invisibles, qui participent de notre espace, de notre milieu ambiant. Urbain, Rural // Espace bâti, Espace non bâti // Biotique, Abiotique // Nature, Culture… Le « versus » devient de fait nul et non avenu dans cette définition, la lecture systémique du territoire nous y contraint. Le paysage est alors, à la fois source et résultat de l’activité humaine. Dans ce sens, tout changement projeté doit tenir compte de la matrice (son milieu ambiant, »medio ambiente » vocable utilisé par Gilles Clément, Leçon inaugurale au Collège de France – décembre 2011); des usages qui l’ont façonné; de son potentiel à accompagner ou à résister au changement. Remettre le paysage à l’initial du projet c’est accepter le palimpseste spatial, à la fois comme le résultat d’une genèse territoriale et comme le fondement de l’urbanité de demain.

Ce changement de perspective permet alors de percevoir le relief, les trames biologiques et les usages du sol comme des potentiels d’enrichissement de l’identité urbaine et territoriale. De cette démarche, loin des injonctions et des modèles « parachutés », les invariants du projet s’établissent de fait: les grands éléments territoriaux (bâtis, non bâtis), les trames fortes et les systèmes d’interactions (usages et gestions des lieux, savoir-faire, projection) qui sous-tendent l’organisation de l’espace. Entre les « lignes » et les invariants, se dessinent les emprises grises et les lieux des possibles. Permanents, temporaires, alternatifs les programmes peuvent exister dans des temporalités très diversifiées et acceptent une adaptabilité (entre souplesse et robustesse) au processus de fabrication de la ville en cours.

Un projet territorial, urbain, ou architectural ne peut donc ignorer son paysage. Toute déconnexion de son milieu ambiant (culturel comme biologique) engagerait la société dans une sur-consommation d’énergie pour combler l’écart entre la conception du dit projet et son atterrissage.

Pensée in Progress…

Références :

Le projet local, A.Magnaghi, Editions Mardaga

« La Biorégion, une leçon italienne » A. Berland Berthon, Ecologik n°24.

Une Réponse to “:: METROPOLE(s) :: Préceptes pour une intensité territoriale…”

  1. Benjamin said

    Les lieux communs de l’urbanisme et du développement, on en aurait plusieurs volumes ! Intéressé par le sujet, j’ai creusé un peu et je suis tombé sur le manifeste de la société des territorialistes (http://www.societadeiterritorialisti.it/images/DOCUMENTI/manifesto/111130.manifeste.pour.la.socit.des.territorialistes.pdf). Le moins qu’on puisse dire c’est que le projet est enthousiasmant ! Enfin des enjeux de fonds, posés avec de bonnes questions. Merci pour le tuyau !

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